"Alice", un rêve éveillé

Et si une chute dans un terrier suffisait à bouleverser votre corps, votre voix, vos pensées ? C’est la question malicieuse que pose "Alice", la nouvelle création de Camille Noyelle et la compagnie Groupe 444, libre adaptation de "Alice au pays des merveilles".

Ici, l’héroïne n’est plus la fillette sage de Lewis Carroll, mais une jeune femme d’aujourd’hui : curieuse, un peu déboussolée, souvent très drôle, toujours en quête de sens. Une Alice qui traverse un monde déroutant où les cartes à jouer s’animent, les lapins courent sans fin, les souris philosophent et les chats s’effacent en souriant.

Joenne Noyelle est Alice, pendant que les deux comédiens Thibaut Kuttler et Lucas Bonetti incarnent une galerie de personnages loufoques. Ils changent de rôle avec une agilité réjouissante pour donner corps à l’absurde et au merveilleux.

En fond de scène, un dispositif minimaliste : la projection des animations du plasticien Titouan Boué, transformant en un instant l’espace en terrier vertigineux ou palais de la Reine de cœur.

Pour la metteuse en scène Camille Noyelle, réécrire "Alice" est un défi enthousiasmant : "Souligner les étrangetés, le dérèglement logique, les métamorphoses incessantes, mais aussi les fêlures d’Alice… Nous voulions un voyage poétique et sensoriel qui prenne au sérieux l’imaginaire des jeunes spectateurs".

Au final, "Alice" propose un théâtre jubilatoire et réflexif, d’où l’on ressort un peu transformé. Comme si grandir consistait parfois à accepter de rétrécir.

Un spectacle tout public dès 7 ans.