"Vulnérables"

L’exposition fait une place importante à des artistes d’Art Brut présents dans toutes les grandes collections internationales comme Dan Miller, Shinishi Sawada, Miroslav Tichy, Tomacz Machinski, André Robillard ou Jacques Soisson dont la correspondance avec Dubuffet est présentée.

Naturellement, l’exposition aborde des thèmes liés à la souffrance, à la résilience, et à la capacité transformatrice de l’art. Des artistes internationaux y exposent des oeuvres qui questionnent les représentations de la folie, de la maladie, du soin, et des stigmates associés à ces conditions.

Parmi eux citons des artistes reconnus internationalement tels que Jean Dubuffet dont deux pièces monumentales seront prêtées par la Fondation Renault, Johan Creten ou Michel Nedjar.

Francine Saillant et Camille Courier auscultent la mémoire des lieux de psychiatrie asilaire et des personnes qui les ont habités, et les installations Frères Humains et Fantômes de David Cohen explorent le rapport à la mort et, plus généralement, la vulnérabilité comme constituant en propre de la condition humaine.

À la croisée de la médecine, de l'histoire de l'art et de la création plastique contemporaine, l'exposition Vulnérables propose un dialogue entre l’architecture historique de la chapelle, un écrin majestueux du 17ème siècle, et des oeuvres contemporaines qui explorent diverses formes de vulnérabilité – mentale, physique et sociale – à travers des médias variés tels que la peinture, la photographie, la vidéo, la sculpture et les installations interactives. L’art nous amène à penser, voir, entendre cette fragilité.

• NEF MAZARIN

La nef Mazarin fait une large place à la photographie et à l’art brut.
. La photographie et l’art brut avec Tomasz Machcinski, artiste, mécanicien automobile, et véritable inventeur du selfie. Également, Miroslav Tichy dont les expérimentations photographiques offrent une vision hallucinée et fantasmatique qui oscillent entre le rêve et la réalité.
. La photographie toujours avec Laure Vasconi et ses Extra ordinaires photographiés lors d’une résidence au Centre National pour la Création Adaptée à Morlaix, avec Olga Caldas et son travail sur le corps comme enveloppe de protection et de mémoire, avec Léah Cohen enfin et ses témoins photographiés dans l’unité de soins palliatifs de la Salpêtrière.
. L’Art Brut avec l’accueil des oeuvres de Carlos Pertuis et Enio Sergio issues des collections du Musée de l’Inconscient de Rio de Janeiro, la confrontation des deux premières oeuvres en tissu que sont le manteau du jugement dernier de Bispo do Rosario et le bien connu manteau d’Etienne Martin qui est depuis des années dans la collection permanente du Musée Georges Pompidou.
. Avec une installation de Chairdames et de Courdrages de Michel Nedjar, nouvelle évocation du travail de mémoire face aux vulnérabilités.
. Enfin, les deux dernières propositions dans cette nef prolongent celles de la nef coupée et de la Chapelle de la Vierge, avec HIKU une vidéo de Anne-Sophie Turion et Eric Minh Cuong Castaing qui évoque le phénomène de l’Hikikomori et la vulnérabilité sociale, et avec "Réespiration" oeuvre interactive de Samuel Bianchini, qui propose un objet se déformant, comme s'il respirait, selon la respiration de la personne qui lui fait face, issu d’une collaboration avec les équipes de pneumologie de l’hôpital. Comme pour HIKU, La vulnérabilité est ici traitée grâce aux possibilités de résilience qu’offre potentiellement l’interaction avec l’autre.

• NEF LASSAY

La nef Lassay fait une large place à la peinture, aux assemblages, au dessin et à la sculpture. La scénographie est construite sur plusieurs dialogues.
Entre artistes d’art brut sublimant par l’art leur propre vulnérabilité avec Dan Miller et ses dessins mathématiques, André Robillard et ses fusils issus de la collection "Tuer la misère", et celui qui définit l’art brut dans les années 50 et s’en est inspiré, Jean Dubuffet.

Entre Jacques Soisson, artiste et art thérapeute, qui fut l’un des premiers à organiser une exposition de dessins d’enfants, et Jean Dubuffet, dont nous montrons deux oeuvres monumentales appartenant au Roman Burlesque grâce à fondation Renault. Leur correspondance conservée à la fondation Dubuffet illustre leur complicité.
Entre soignants et soignés qui visiteront cette exposition ou qui la composent comme Brice Thévenot et son art comprimée, Dan Miller ou André Robillard.
Entre les deux compagnons de route que sont André Robillard et Aléxis Forestier. Depuis le début des années 2000, ils ont conçu et joués plusieurs spectacles, et constitués la collection Tuer la misère.
Entre un psychothérapeute, Fernando Bayro-Corrachano, et ses jeunes patients à travers une série de dessins réalisés après l’attentat du Bataclan.
Artistes reconnus ou non, tous ont une forme de vulnérabilité ou s’y sont confronté pour l’accompagner.

• NEF COUPEE

La nef coupée fait une place importante à la science comme ressource potentielle de certains projets artistiques et aux oeuvres interactives.
Dans Monstra te esse Matrem, l’artiste et biologiste François-Joseph Lapointe se penche sur la transmission du microbiome de la mère à son enfant lors de l’allaitement en fonction de la nature de l’accouchement par voie basse ou césarienne. Il propose une oeuvre monumentale inspirée d’un retable de la Renaissance représentant l’iconographie des vierges allaitantes. La vulnérabilité est ici convoquée par l’état particulier de la délivrance, moment fécond qui présente aussi ses dangers.
SanTO (pour Sanctified Theomorphic Operator) est un petit robot social ayant l'apparence d'une statue interactive d'un saint catholique. Réalisé par l’artiste et ingénieur Gabriele Trovato en collaboration avec Salvatore Anzalone et l’institut des Systèmes Intelligents et de Robotiques de Sorbonne Université, il s’agit du premier robot catholique depuis l’époque du Moine Mécanique commandé par Philippe II d’Espagne en 1560. La fonction principale de SanTO est d'être un compagnon de prière, en contenant une grande quantité d'enseignements, y compris la Bible entière. La prière reste l’une des ressources premières de chacun pour répondre au sentiment de vulnérabilité.

• CHAPELLE DU BON PASTEUR

La Chapelle du Bon Pasteur fait une large place à la céramique et à la poésie.
La vulnérabilité est traitée comme un état consubstantiel de la condition humaine révélée par la poésie, la confrontation à la mort, à l’ostracisme ou à la maladie.
Grâce à la contribution de la Halle Saint-Pierre, nous proposons plusieurs personnages de Shinichi Sawada, autiste, artiste et boulanger. Sescréatures féériques et monstrueuses issues d’une mythologie personnelle sont reconnaissables entre toutes.
Nous montrons deux installations de David Cohen, psychiatre pour enfant, artiste et organisateur de l’exposition : "Frères Humains" inspirée par la "Balade des Pendus" de François Villon dans laquelle il fait dialoguer peinture et céramique ; Fantômes dont les têtes/empreintes sont comme des dessins d’enfants sur la terre. Ces têtes dialoguent aussi avec les visages ressuscités de l’installation Insoumissions réalisée par Camille Courrier et Francine Saillant dans le choeur.
La poésie des vulnérables s’incarne aussi dans la sculpture monumentale de Johan Creten qui accueille à l’entrée de la Chapelle. Elle est en marche, une force active qui nous oblige à penser, à penser le monde autrement. Elle courbe l’échine, soumise et semble accepté son destin. Mais comment arriver à transformer ce destin en conscience ?

• CHAPELLE DE LA VIERGE

La Chapelle de la Vierge est exclusivement dédiée à la vidéo.
Elle est également une évocation du 200ème anniversaire de la naissance de Jean-Martin Charcot, célèbre neuropsychiatre dont les plus grandes découvertes ont été faite à la Salpêtrière à la fin du 19eme siècle.
Exorcismes 1 à 8 est une installation de Liz Magic Laser. Les huit miroirs double-face animés permettent la superposition du public et des corps palpitants des praticiens somatiques qui enseignent des pratiques utilisant des mouvements de secousses pour guérir l’esprit et le corps, secousses qui ne sont pas sans rappeler ceux des corps des ‘hystériques’ de Charcot.
L’installation met les visiteurs au défi de réfléchir aux connotations sexistes de l’hystérie telle que pensée au XIXe siècle et à leur propre vulnérabilité.

• ESPACE CINEMA

Plusieurs films évoquant diverses formes de vulnérabilités sont programmés dans la chapelle :

• Convulsive state (2023) réalisé par Liz Magic Laser et Laura Geisswiller retrace l'héritage de Jean-Martin Charcot dont les innovations médicales étaient inspirées de ses propres activités artistiques. Durée 54 mn – la projection débute vers 10h
• Foudres : Pathos-Mathos (2013) réalisé par Manuela Morgaine est une légende en quatre saisons. Elle décline son sujet dans plusieurs pays du monde et sur plusieurs siècles, simultanément, sous une forme documentaire et légendaire. Pathos Mathos ou l’Hiver explore la mélancolie, stade ultime de la dépression, et la manière dont on peut en venir à bout. Durée 52 mn – la projection débute vers 11h
• Charcot : une vie avec l’image (2014) réalisé par Catherine Bouchara est le second film venant rappeler le 200ème anniversaire de la naissance de Charcot. Réalisé pour l’exposition de 2014, il tire son originalité d’inédits retrouvés dans les archives des descendants du neurologue. Durée 22 mn – la projection débute vers 12h
• L’Apothéose de Bispo do Rosario (2004) réalisé par Maione de Queiroz Silva rend hommage à l’artiste brésilien, visionnaire, mystique et illuminé, décédé en 1989. Son manteau de présentation, vêtement cérémoniel pour son passage dans l’au-delà, est montré dans la nef Mazarin. Durée 26 mn – la projection débute vers 12h30
• Eternity has no door of escape (2018) réalisé par Arthur Borgnis revient sur les grands moments et les figures historiques de l’art brut grâce à des témoignages, des analyses, et de nombreuses images d’archives. Durée 80 mn – la projection débute vers 13h
• Apparaitre. L’art à visage humain (2021) réalisé par Francine Saillant et Fanny Hénon-Lévy témoigne des bienfaits de l’art et de l’importance de proposer un accompagnement par l’art. Réalisé dans un quartier défavorisé de la ville de Québec, avec la contribution d’organismes comme Pech Sherpa et Vincent et moi, qui offrent cet accompagnement. Durée 65 mn – la projection débute vers 14h30
• Nise, le coeur de la folie (2015) réalisé par Roberto Berliner raconte comment Nise da Silveira, psychiatre, transforme l’hôpital psychiatrique de la banlieue de Rio de Janeiro où elle prend son poste en 1944 en ouvrant des ateliers art thérapie. Nommé pour sept Grande Prêmio do Cinema Brasileiro, le film reçoit celui du meilleur second rôle masculin pour Flavio Bauraqui. Durée 106 mn – la projection débute vers 16h.

Bonne visite !